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Charles Sannat: « Le massacre des enfants vénézuéliens »

Il est des sujets toujours délicats et difficiles à aborder avec justesse. On ne peut pas et on ne doit pas rester insensibles aux souffrances des hommes. De Gaza au Venezuela, pour des raisons fort différentes et dans des contextes qui ne sont pas identiques, des enfants meurent. Mais ils meurent tout de même, et ces morts sont le fait de choix faits par certains.

Le problème du Venezuela est très compliqué. Isolé de toutes parts, soumis à des sanctions, avec un gouvernement et une partie importante de la population arc-boutée sur l’idéologie du « chavisme » dont les résultats politiques et économiques sont un fiasco total.

Mais les enfants meurent, faute de soins, faute de médicaments, faute de matériel et c’est ce que montre cet article de l’AFP. Un article long d’ailleurs, pas une dépêche pour une fois. Voici l’essentiel.

Il est important de relayer cette information, sur cette crise humanitaire qui se déroule dans un silence assourdissant.

Charles SANNAT

Dans un hôpital vénézuélien pour enfants, le drame de la crise lit après lit

Luisito, huit ans, doit être opéré d’une tumeur au cerveau qui paralyse une partie de son corps, mais il a attrapé la varicelle et doit patienter : dans un hôpital pour enfants du Venezuela, le drame de la crise se vit lit après lit.

Dans cette chambre de neuf mètres carrés, dort aussi un bébé de quatre mois. Elle souffre de macrocéphalie et a besoin d’une valve de drainage dont ne dispose par l’hôpital pour enfants J. M. de los Rios, au centre de Caracas. À cause de l’accumulation de liquide, sa tête est de la taille d’un ballon de basket.

Anthony, sept ans, partage également cet espace. À la suite d’une opération, il a une plaie au dos qui ne cesse de grandir, faute de pansements dans cet établissement ou les pharmacies.

L’histoire se répète de chambre en chambre : 80 % des médicaments et du matériel médical manquent dans ce pays pétrolier, selon la Fédération pharmaceutique, un des problèmes les plus marquants du gouvernement de Nicolas Maduro, qui vise dimanche la réélection lors de la présidentielle.

Ce matériel, on le trouve sur Internet, mais en dollars. Une monnaie inaccessible pour les grands-mères de ces enfants aux origines modestes.

« On n’a pas de dollars, on est dos au mur », explique à l’AFP Maria Silva, qui veille sur Anthony.

Pourtant, avec un meilleur équipement, ces cas pourraient se régler facilement, assure leur médecin, Edgar Sotillo.

« On n’a pas de médicaments (…) j’ai des patients qui souffrent d’hydrocéphalie et attendent une valve. On assiste à des cas de varicelle, de tuberculose, de paludisme, de gale. Parfois, l’hôpital n’a pas d’eau. Si les patients contractent des infections, il n’y pas d’antibiotiques et leur situation se complique », poursuit le docteur.

– Tumeur cérébrale –

Posés sur la table, des œufs brouillés dans une assiette. C’est la seule nourriture que peut offrir l’hôpital.

Blâmant la « guerre économique », menée selon lui par l’opposition de droite avec le soutien des États-Unis, et les sanctions financières américaines, le dirigeant socialiste promet de régler bientôt la situation.

Mais Yuriangela, 16 ans, n’a pas le temps d’attendre. Atteinte d’un cancer du poumon, elle attend sa prochaine chimiothérapie.

95 % de pénurie pour les médicaments de maladies chroniques !

Sa mère, Sujer, pleure, impuissante et ne sait pas si elle parviendra à trouver le traitement pour sa fille. Pour des maladies chroniques comme le cancer, la pénurie de médicaments atteint les 95 %.

« Il lui manque 17 chimios (…) On doit recommencer notre combat. On a dû les acheter à l’étranger. On n’a pas les moyens, mais on a reçu de l’aide », explique-t-elle.

À côté, Luana, 4 ans, découpe les lettres d’un abécédaire en attendant son traitement pour combattre une tumeur cérébrale.

« Durant deux mois, nous n’avons pas trouvé de chimiothérapie. C’est la responsabilité des gouvernants qui ne nous prennent en compte que lorsque » nous manifestons, explique à l’AFP sa mère, Rosa.

Le docteur Belen Arteaga, chef du service de néphrologie, ne gagne que le salaire minimum mensuel : 2,5 millions de bolivars, soit 36 dollars au taux officiel, mais introuvables, et 3 dollars au marché noir, au coin de la rue. De quoi s’acheter à peine un kilo de viande dans ce pays où l’inflation atteint des sommets. Elle est attendue à plus de 13 000 % cette année, selon le FMI.

Faute d’antibiotiques, Belen a vu mourir quatre enfants. « Les médecins s’en vont », raconte-t-elle.

Selon la Société médicale vénézuélienne, un tiers du personnel médical a émigré.

La mortalité infantile a bondi de 30,12 % en 2016 par rapport à 2015, le chiffre officiel le plus récent

Et l’AFP de conclure son article par une alarmante mise en garde : « Nous assistons à une crise humanitaire, ce sont des chiffres de l’Afrique subsaharienne. »

Source: insolentiae –  Voir les précédentes interventions de Charles Sannat

7 Commentaires pour l'article Charles Sannat: « Le massacre des enfants vénézuéliens »

  1. Même si Maduro, « le pistonné du pouvoir », pose de sérieures questions sur sa légitimité, il s’agit de manière globale, d’une attaque frontale contre le Venezuela, par l’extérieur (USA et autres) et de l’intérieur, une haute bourgeoisie de ce pays (qui mange à sa faim) qui crée la pénurie, avec objectif que le peuple descente dans la rue, car ventre vide.

  2. C’est malheureusement ce qui nous attend à la moindre velléité de souverainisme face à l’hégémonie libéraliste mondialisée.

  3. Avant de chialer sur le sort du Venezuela, il faut savoir que jusqu’il y a peu c’était le pays le plus riche d’Amérique du Sud.
    Et comme dans toutes les économies, il y a eu des oubliés et ce n’est certainement pas ceux-là qui sont en train de souffrir maintenant mais déjà bien avant… donc désolé mais on s’en fout des nantis et en voyant leurs enfants mourir ils comprendront ce qu’ils ont fait subir aux autres. Si ce commentaire est FROID, il est cependant OBJECTIF : c’est la réalité.

  4. Comment ne pas partager l’avis que des gens souffrent et meurent et parmi eux des enfants, sans n’avoir eu accès à des soins élémentaires, soit une horreur.
    Ceci dit, et vous prenez soins de le précisez : « Le problème du Venezuela est très compliqué ».
    Sur cette base, sans ne soutenir quiconque et encore moins un gouvernement qui envoie la troupe sur ses citoyens, il faut dénoncer avec la plus grande vigueur le rôle macabre des USA à l’oeuvre dans ce pays depuis des décennies.
    Les USA qui ne font aucun mystère de leurs manœuvres qui ont pour seul but de mettre la main sur les richesses du Venezuela.

    La première chose dont souffre le Venezuela, sa malédiction, c’est la trop grande proximité géographique avec le géant Nord américain.
    Il suffit aussi de constater que la plupart des pays d’Amérique du Sud connaissent peu ou prou les mêmes problèmes, et que pour chacun d’eux, les USA ne font pas mystère de leur interventionnisme.

    Après ces dires, surgiront sans doute les petits Robespierre libéraux, armés de leur phrase guillotine du moment : « théorie du complot ».
    Le débat avec ceux-là consiste à les écouter pieusement, fidèles qu’ils sont aux méthodes du régime le plus castriste qui soit…

    Il y a un article (en fait il y en a des milliers sur le sujet) de Mark Weisbrot pour The Guardian, dont ni l’auteur ni le journal, peuvent être suspectés d’une quelconque proximité avec le régime Vénézuélien et encore moins d’êtres de gauche : https://www.theguardian.com/commentisfree/2014/mar/20/venezuela-revolt-truth-not-terror-campaign

    Autre hypothèse, pour le moins scabreuse, mais c’est celle soutenue par certains sans même qu’ils ne s’en rendent compte (!) : les peuples d’Amérique du Sud aurait un gène défectueux (?) qui leur empêche de gérer leurs affaires correctement et dont les femmes ne savent accoucher que des dirigeants à tendance totalitariste… Ici aussi, autre terrain miné, et eu égard à ce qui précède : in fine ne serait ce pas la faute aux femmes Sud américaines tout ce bazar ? hum ?

    La base élémentaire, serait que toutes ces organisations vertueuses (particulièrement actives au Venezuela) : Aspen Institut, Gates, Rockfeller, Ford, Lumina, etc, fassent ce pour quoi elles prétendent œuvrer et ne soient plus des relais de décisions politiques, et que ces mêmes personnels politiques qui dénoncent avec raison les méfaits du socialisme ou du communisme, s’affèrent à déverrouiller les blocus qui n’ont pour seul effet de paupériser d’avantage les populations Sud américaines.

    Les libéraux, dont seule l’économie est le moteur de leur pensée binaire, sont fâchés avec l’histoire. Si ce n’était pas le cas, ils tireraient, au seul exemple, les leçons d’un demi siècle d’isolement de Cuba, avec les effets que l’on sait, et dont le rétablissement d’une véritable diplomatie aura fait sortir, pour partie, ce pays de l’ornière.
    Mais, comme frappés d’écholalie, ils préfèrent répéter en boucle les mots « libéral » et « socialisme »…

    • J’adhère à votre analyse. Comment ne pas voir que la doctrine de Monroe se joue maintenant sur la planète entière sous couvert d’extra-territorialité des lois américaines!

      • Merci.
        C’est Cuba qui a sonné le glas de l’accord passé entre les États-Unis et la Russie d’alors.
        Monroe voulait marquer la coupure entre l’Europe et l’Amérique et surtout interdire aux européens une extension vers leur chasse gardée qu’est l’Amérique du Sud. « L’Amérique aux américains disait Monroe » America First déjà !
        Il faut tirer le constat du deux poids deux mesures.
        Les USA s’autorisent des implantations militaires où bon leur semblent, mais sont plus regardant lorsque ce sont les Russes ou d’autres nations qui approchent leurs frontières.
        L’Impérialisme des USA n’est pas une légende, mais il n’est pas facile de le dénoncer sans se faire taxer d’antiaméricanisme primaire.
        L’UE, elle, regarde passer les trains…

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