Les emprunteurs en mal de refinancement ne peuvent supporter la moindre hausse de taux directeur. Le créditisme va-t-il mourir asphyxié sous la dette ou les banques centrales vont-elles trouver autre chose pour prolonger l’agonie ?
Que serait +0,25% sur les taux directeurs de la Fed en décembre ? Une évolution du taux directeur signifie simplement que pour créer de l’argent à partir de rien, pour accorder un nouveau prêt, les banques commerciales paieraient un tout petit peu plus cher.
Souvenons-nous que le créditisme, qui a remplacé le capitalisme en 1971, prétend que le crédit adossé à rien a la même valeur que le crédit adossé à l’épargne existante. Une telle chimère ne pouvait que plaire à tous les amateurs d’argent gratuit… et ils sont nombreux.
Sans surprise, quarante-cinq ans plus tard, le monde croule sous la dette — à tel point que même le FMI s’en est aperçu et s’en inquiète. La dette mondiale pèse maintenant 152 000 milliards de dollars, 2,25 fois la taille de l’économie mondiale. Une majeure partie de cette dette est libellée en dollar : la dette privée et publique des Etats-Unis en premier lieu et les emprunts de nombreux pays qui n’ont pas le privilège d’appartenir au très select club des émetteurs de devises de réserves, en deuxième lieu.
Si les prêts nouveaux se paient plus chers, qu’importe puisque finalement il y a déjà trop d’emprunts et de moins en moins d’amateurs, en dehors des Etats ?
Le problème est en réalité celui du refinancement. Le monde est surendetté. Les consommateurs achètent des choses avec de l’argent qu’ils n’ont pas encore et des entrepreneurs ont investi dans des outils pour produire ces choses qui ne s’achètent qu’à crédit avec l’argent du futur. Pensez à l’automobile, à l’immobilier, aux téléphones subventionnés par les opérateurs…
Lorsque, en tant que chef d’entreprise, vous avez contracté un mauvais prêt, le retour sur investissement sur lequel vous comptiez tarde à se matérialiser, et vous avez du mal à rembourser intérêts et principal. Vous avez alors deux solutions : faire défaut ou vous refinancer.
Lorenzo Bini Smaghi: « Si les taux remontent, la dette risque d’être hors de contrôle »
Charles Sannat: Pour Jens Weidmann (Bundesbank), si les taux remontent, les dettes ne seront plus supportables !
Le refinancement est un terme élégant pour dire que vous allez rembourser votre mauvais prêt en contractant un autre mauvais prêt. Lorsque les taux d’intérêt baissent, le refinancement est très facile. Vos intérêts vont diminuer, le retour sur investissement sera plus facile.
Mais lorsque les intérêts augmentent, votre enfumage se complique. Les charges de vos intérêts vont au contraire augmenter tandis que le retour sur investissement escompté s’éloigne toujours à cause de cette “croissance molle” dont parlent les journaux…
Comment faire ?
Voici un graphe qui présente (en bleu) la dette nette de 1 500 entreprises américaines au regard de leurs résultats (en rouge).
Vous pouvez constater qu’au fur et à mesure que la dette gonflait, les résultats diminuaient.
Avec des taux en baisse, le refinancement n’était pas un problème, mais avec des taux en hausse ?
Lorsque le refinancement n’est plus possible, il reste la faillite, cette horrible sanction du capitalisme que le créditisme prétend pouvoir ignorer.
A moins qu’il n’y ait de nouveaux QE, que les banques centrales rachètent encore plus de mauvaises créances.
Lorsque les banques centrales auront 152 000 milliards de dollars de bilan, les gens se rueront-ils pour acheter de l’immobilier, des voitures, des téléphones et des gadgets à crédit ?
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Source: la-chronique-agora
Simone Wapler est directrice éditoriale des publications Agora, spécialisées dans les analyses et conseils financiers. Ingénieur de formation, elle a quitté les laboratoires pour les marchés financiers et vécu l’éclatement de la bulle internet. Grâce à son expertise, elle sert aujourd’hui, non pas la cause des multinationales ou des banquiers, mais celle des particuliers.
Elle a publié « Pourquoi la France va faire faillite » (2012), « Comment l’État va faire main basse sur votre argent » (2013), « Pouvez-vous faire confiance à votre banque ? » (2014) et « La fabrique de pauvres » (2015) aux Éditions Ixelles.
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Comment ça « HELP » !?? Ils n’ont qu’a faire comme d’habitude,…. appeler Bruce Willis qui sauvera le monde entier + faire appel a Dieu qui ne sauvera bien entendu que l’amérique….non mais oh !!
Je ne sais pas pourquoi mais la lecture de cet article a fait poindre une idée dans ma tête. Ce doit être ce thème de la dette dont une bonne partie est libellée en US$ qui en aura été le catalyseur. L’idée est la suivante. Posons l’hypothèse que les DTS du FMI aient du succès et remplacent le US$ rapidement ou progressivement dans les échanges internationaux. Le US$ s’en trouverait fortement dévalué ce qui aurait deux effets majeurs sur l’économie mondiale. D’abord, l’économie américaine exploserait à la hausse avec ce regain majeur de compétitivité et tous les débiteurs qui ont des dettes libellées en US$ se verraient soulagés grandement en particulier la majorité de tous les émergents qui reprendraient du service. Les prix des matières premières remonterait, ce qui aiderait d’autres pays exportateurs de ces matières premières comme le Canada et l’Australie. Ce serait bien plus qu’une embellie, ce serait littéralement un nouveau souffle ressenti mondialement aux grand détriment de ceux qui attendent l’apocalypse depuis si longtemps. 25% ou encore mieux 50% aurait un tel effet que le crash anticipé serait en l’absence d’un signe noir reporté aux oubliettes pour de nombreuses années et ceux qui auraient de l’or n’auraient plus qu’à le vendre ou à modifier leur plan d’assurance pour une nouveau de bien plus long terme. Évidemment pour les US il y aurait du bon et du mauvais et leur domination mondiale en prendrait pour son rhume mais qui à part eux s’en plaindrait? L’Europe pourrait ne pas en profiter autant mais je ne suis pas assez spécialiste pour évaluer tous les effets mais c’est certain qu’ils seraient très importants et généralement favorables pour la majorité des pays.
Avec une forte dévaluation du US$ cela pourrait vite changer. Les US ce n’est pas la France. Il ne faut pas les sous-estimer. Ils sont et seront encore pour longtemps les premier mondiaux pour la recherche et le développement, les nouvelles technologies et dans pleins d’autre domaines. Croire qu’ils seront rapidement anéantis relève du fantasme.